Colloque « Les lieux du droit » – Congrès de l’ACFAS
Organisé dans le cadre du 88e Congrès de l’ACFAS (Association francophone pour le savoir) qui se déroulera du 3 au 7 mai 2021 en formule virtuelle, le colloque « Les lieux du droit », rassemblant chercheur·euses chevronné·es et débutant·es, se veut un lieu de découverte, de rencontre et de maillage entre des spécialistes partageant des intérêts liés aux humanités et au droit, et provenant d’une variété de disciplines.
–> Cliquez ici pour vous inscrire (l’inscription donne accès à toutes les activités en ligne du Congrès de l’Acfas, du 3 au 7 mai 2021).
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Présentation du colloque
Le droit est souvent abordé par ses règles, parfois même identifié à celles-ci. Pourtant, on le sait, le droit ne se trouve pas uniquement dans les textes de loi. Aussi, si la loi est un lieu traditionnel du droit, il est juste de dire que le droit existe au-delà des règles, au-delà de la loi.
Mais quels sont les lieux du droit ? Et que se passe-t-il quand on le trouve là où on ne s’y attendait pas ?
Ce colloque multidisciplinaire s’inscrit dans une programmation de recherche subventionnée par le FRQSC sur les humanités juridiques. Il vise à explorer le droit à partir de différents lieux et disciplines dans le but de contrecarrer les approches actuelles qui réduisent le droit, son enseignement et sa pratique aux règles en vigueur et à leur mise en œuvre plutôt que de comprendre le droit comme processus culturel et poétique, participant à la constitution du monde.
Nous partons de l’hypothèse que de s’attarder aux lieux du droit permettra aux chercheuses de devenir étrangères à elles-mêmes en découvrant de nouveaux lieux (par ex. de nouvelles archives, terrains, studios, scènes, récits, sonorités, objets, etc.), ce qui permettra par le fait même de redécouvrir les lieux traditionnels du droit (par ex. la loi, la jurisprudence, la doctrine, mais également le palais, la prison, les codes vestimentaires, etc.) et d’en dévoiler toute la juridicité.
La notion de lieux doit être comprise comme l’entendait Pierre Nora dans Les lieux de mémoire, c’est-à-dire « dans tous les sens du mot, de l’objet le plus matériel et concret […] à l’objet le plus abstrait et intellectuellement construit ». Un lieu du droit peut ainsi être un monument, un personnage, une archive, un objet quotidien comme une table, un ustensile, un conte pour enfants, une œuvre d’art, un symbole, un adage, un événement, une institution ou même une discipline. La liste est infinie.
Cette étude des lieux du droit ne se limite pas à celle faite par les juristes, au contraire. Penser les lieux du droit permet de rappeler que le droit n’est pas l’apanage des juristes, mais qu’il est la matière première de plusieurs autres disciplines : artistes, historiennes, écrivaines, ethnologues, criminologues, sociologues, traductrices, etc. puisent dans le droit pour créer, déterrer, écrire, décrire, penser le monde, décentrant le rôle des juristes dans leur rapport unique avec le droit. Pensons aux archives. Lieu du droit par excellence, elles sont une des sources premières des historiennes. Mais que peut enseigner l’utilisation des archives par les historiennes aux juristes, et vice-versa ? Qu’en est-il d’une œuvre d’art ou d’un objet muséal, ou de lieux plus communs tels nos modes vestimentaires ou encore nos codes d’urbanismes ? Un dialogue est nécessaire.
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Programmation
9h à 10h15: La coupe du ruban : la matière comme lieu du droit
Natascha Niederstrass: L’indice judiciaire comme matière première : mémoire, archives et art contemporain
10h15 à 12h: Séance 1 – Localiser des récits du droit
Noémie Gourde-Bouchard (Université McGill): Là où les idées vont pour mourir? Les mélanges dans la littérature juridique
Michel Boudot (Université de Poitiers, France): Les lieux de l’argumentation doctrinale
Nicolas Laurent-Bonne (Université Clermont Auvergne): Le récit historique est-il un lieu d’expression et de création du droit ?
Jérémy Boulanger-Bonnelly (University of Toronto): L’Acte de Québec : Relique du passé ou charte contemporaine ?
12h à 13h: Dîner
13h à 15h: Séance 2 – Réciter des lieux du droit
Sophie Abdela (UdeS – Université de Sherbrooke): La prison comme objet urbain : perméabilité, échange et proximité (Paris, XVIIIe siècle)
Bertrand Lavoie (Université McGill): La juridicité d’une salle d’urgence : l’exercice des droits constitutionnels des patients en contexte de soins critiques
Alexandra Bahary-Dionne (UQAM – Université du Québec à Montréal): La juridicité au sein des médias sociaux : vers un décloisonnement des lieux du droit
Cirbaj Claudino Gildas Cokou De Souza (Université D’Evry Val D’Essonne): La rue, fabrique du droit ?
15h à 17h: Séance 3 – Déconfiner les lieux du droit
Victor Janin (FRANCE): Emmanuel Lévy, le droit, la poésie et le monde des esprits
René Lemieux (UdeS – Université de Sherbrooke): Le dedans et le dehors du droit à partir du Two-Row Wampum et du Spirit of Haida Gwaii
Anne-Sophie Hulin (Université McGill): Les objets culturels : des lieux de pouvoir au pouvoir du lieu