Carnets d'un voyage au coeur des émotions et du droit

Présentation du cycle de réflexion 

Les émotions marquent de leurs empreintes le droit. La norme, l’arrêt et l’analyse peuvent susciter de la colère, de la surprise, du dégoût, de la tristesse, de la joie, de la peur. On commande alors aux juristes de se distancier de leurs émotions pour adopter une rationalité juridique que l’on qualifie d’objective. Cette distance, si elle peut être utile pour assurer un degré de prévisibilité et d’impartialité, empêche toutefois les juristes d’observer ce qui les habite pourtant au quotidien.

Ce projet propose de repenser la place des émotions dans notre relation au droit et plus particulièrement dans le domaine de la recherche et de l’enseignement. La réflexion s’articulera ainsi autour de trois temps forts : la constatation, l’évaluation et la proposition.

Premièrement, les émotions doivent être constatées. Chaque personne participant au projet pourra ainsi tenir un journal de bord des émotions ressenties au travers de la recherche et de l’enseignement. À raison de quelques entrées par semaine, au gré des expériences passées et présentes, ces carnets individuels permettront de dresser un portrait plus large dans le temps des émotions vécues lors de voyages universitaires dans le droit. Cet exercice, en soi, revêt une importance puisqu’il nous permettra de nous reconnecter tant avec notre quotidien qu’avec les émotions qui traversent nos pratiques d’enseignement et de recherche.

Deuxièmement, nous devons évaluer le portrait émotif de nos quotidiens universitaires. La distribution des émotions nous convient-elle ? Certaines émotions seraient-elles à favoriser, d’autres à éliminer ? La réponse diffère-t-elle lorsque nous envisageons le bien-être personnel plutôt qu’un objectif professionnel ? Les réponses varient selon les personnes mais collectiviser la réflexion saura l’enrichir.

Troisièmement, nous devons réfléchir à l’effet de ces émotions sur la méthodologie de la recherche et de l’enseignement juridiques. Sachant que les émotions sont inévitables, nous devons nous demander s’il y a lieu de revoir le mythe de la posture objective que l’on prend dans la recherche et l’enseignement. Les émotions doivent-elles être divulguées, réprimées, modifiées ; et si oui, lesquelles et comment ?
Ce projet crée un espace de discussion où aborder ces questions. Pour ce premier cycle, qui s’étendra sur la fin d’année 2022 et le début de l’année 2023, nous vous proposons de centrer la réflexion autour des six émotions primaires, soit la joie, la tristesse, la peur, la colère, le dégoût et la surprise.

Déroulement et engagement 

Chaque personne tiendra un carnet dans lequel elle recensera les émotions vécues dans la recherche et l’enseignement. Ces notes s’inscrivent sur deux plans temporels. L’un s’intéresse au quotidien universitaire. À raison de quelques entrées par semaine, chaque membre du cycle identifiera l’émotion vécue et décrira l’événement l’ayant suscité. Chaque description peut être brève.

L’autre plan s’intéresse aux moments émotionnels forts. Chaque rencontre sera placée sous le signe d’une émotion primaire différente. En prévision de ces rencontres, nous vous invitons à repenser aux événements qui ont suscité l’émotion visée par la rencontre. Comment cette émotion s’est-elle manifestée et quel a été son effet ? Comment devrait-on traiter cette émotion : doit-on l’éviter, l’accueillir, la modifier, la divulguer… ?

Chaque rencontre sera divisée en trois parties. La structure de chacune des séances sera fixée selon les temps suivants :

  • Discussion générale : retour personnel sur l’émotion du jour en 2 minutes maximum
    (30 minutes)
    Il s’agit d’une prise de parole libre pour retracer une anecdote, une réflexion sur l’émotion, partager une référence ou une analyse. Les participants et participantes pourront aussi choisir de transmettre un texte rédigé préalablement à la séance (ou postérieurement) sous la forme de leur choix afin de partager leur ressenti personnel sur l’émotion à discuter. Un espace commun et dématérialisé de travail sera mis en place dans le cadre de ce projet afin de pouvoir déposer des écrits mais aussi d’éventuelles références bibliographiques.
  • Réflexion en groupes de travail – Discussions en petits groupes pour déterminer les vertus et les limites de l’émotion analysée tant du point de vue de l’enseignant·e- chercheur·euse que de l’apprenant·e
    (30 minutes)
    Pour chaque émotion, il faudra ainsi se demander si elle doit être rejetée ou mobilisée. Comment limiter son potentiel inhibiteur ou au contraire favoriser son potentiel de transmission ? Le travail en sous-groupe favorisera les échanges et la construction.
  • Retour et détermination de propositions concrètes collectives
    (30 minutes)
    Lors du dernier temps de la séance, nous reviendrons sur les propositions de chaque groupe de travail et nous déterminerons collectivement la place que nous pensons devoir conférer à l’émotion dans nos pratiques. Il s’agira également de retenir pour chaque séance des recommandations, conseils ou encore astuces à partager avec l’ensemble de nos collègues (et au-delà du cercle de réflexion) afin de mieux valoriser l’émotion analysée dans le processus d’enseignement et de recherche.

Dates et horaires – En visioconférence sur ZOOM 

Date Thèmes
Jeudi 29 septembre 2022 Séance introductive – Présentation du cycle
Jeudi 20 octobre 2022 Peur
Mercredi 9 novembre 2022 Joie
Mardi 17 janvier 2023 Colère
Jeudi 2 février 2023 Surprise
Mardi 7 mars 2023 Dégoût
Jeudi 6 avril 2023 Tristesse
Mardi 16 mai 2023 Retour sur le cycle et synthèse des propositions

Chaque séance se tiendra de 11h30 à 13h (Québec) et 17h30 à 19h (Europe centrale), sur Zoom.

Coordination du projet et contacts

Alicia Mâzouz est maîtresse de conférences en droit privé à l’Université catholique de Lille, autrice d’une thèse de doctorat portant sur Le prix du corps humain l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Elle est également titulaire du certificat d’aptitude à la soutenue en 2014 à profession d’avocat. Alicia Mâzouz est chercheuse au sein du C3RD, au sein duquel elle assure la direction de la thématique « Transformation des normativités ») mais elle est également chercheuse associée à l’IRJS, laboratoire rattaché à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est responsable de la Licence DCJ et de la clinique juridique du campus parisien de la faculté de droit de l’Université catholique de Lille. Ses travaux sont marqués par l’étude des liens entre la personne et le droit mais également par l’intérêt qu’elle porte au droit civil, à ses sources, à l’écriture du droit et à son enseignement.
Courriel : alicia.mazouz@univ-catholille.fr

Michaël Lessard est doctorant en droit à l’Université de Toronto. Titulaire d’un double baccalauréat en droit civil et common law de l’Université McGill, il a été avocat-recherchiste auprès de la magistrature de la Cour d’appel du Québec, avant de compléter une maîtrise en théorie du droit à l’Université de New York. Il est également chargé de cours en droit de la famille à l’Université McGill. Ses travaux portent principalement sur le droit des personnes, le droit des familles, le droit des animaux, le sexisme langagier et le traitement des victimes de violences sexuelles et conjugales.
Courriel : michael.lessard@mail.mcgill.ca

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