Michel Boudot – Atelier de droit civil – L’im-possible
Le Groupe de recherche sur les humanités juridiques et le Centre Paul-André Crépeau de droit privé et comparé vous invitent vous invitent à un Atelier de droit civil avec le professeur Michel Boudot (Université de Poitiers) sur le thème de « l’im-possible ».
Date : Lundi le 9 juin à 13h00
Lieu : Salle 102, 3674 rue Peel, Faculté de droit, Université McGill (Montréal)
Résumé : Les discours juridiques ne sont pas avares de l’utilisation des adjectifs possible et impossible pour régir autant que décrire aussi bien la réalité vécue que la réalité juridique.
Pour mener cette réflexion sur la modalité du possible, et de ses usages dans le discours des juristes, je m’appuierai sur l’oeuvre de l’épistémologue français Gilles Gaston Granger, en particulier sur son ouvrage Le probable, le possible et le virtuel (1995).
Pour Granger, possible, probable et virtuel sont trois figures du non-actuel : comprendre scientifiquement l’actuel suppose une saisie individuée, singulière, vécue et présente des choses et des faits ; le virtuel des discours de science au contraire est une représentation « des choses et des faits détachée des conditions d’une expérience complète ». Mais il ne se confond pas pour autant avec l’imaginaire qui lui n’est pas du registre de la connaissance objective. Granger figure le possible comme le non-actuel dans son rapport à l’actuel. Trivialement, un non-actuel qui peut devenir actuel, ou qui une fois reconstitué, aurait pu être actuel, et enfin le probable est « un non-actuel envisagé pleinement et concrètement dans son rapport à l’actualité, pour ainsi dire comme une pré-actualité, ou une actualité de second degré qui ne concerne pas directement les faits ». Discuter du probable nous emmènerait sur les chemins de l’intelligence artificielle pour parcourir les champs d’interprétations possibles ; mais nous n’irons pas si loin aujourd’hui. Nous nous contenterons de parler de la manière dont les juristes reconnaissent à certaines situations normées la qualité d’être impossibles juridiquement, quand d’autres font du possible une condition d’existence des institutions juridiques. Cela nous conduira à distinguer le im/possible du non/nécessaire ; le im/possible du non/permis ; le im/possible du in/valide.